Pour les cinquante ans de la Société Lorraine d’Astronomie, en octobre 2015, il avait accepté d’être notre parrain, mais la maladie l’a retenu sur son lit d’hôpital et nous ne l’avons pas revu.

André Brahic était un astrophysicien français né le 30 novembre 1942 à Paris et mort le 15 mai 2016 dans la même ville.


C’était un conteur hypnotique des poussières célestes. André Brahic, astrophysicien français connu du grand public pour ses traits d’humour et sa découverte des anneaux de Neptune, est mort ce dimanche à 73 ans après une longue maladie, selon une information confirmée par la Société française d’astronomie et d’astrophysique qu’il a présidée entre 1990 et 1992. Celui dont les ancêtres étaient mineurs passait sa vie à observer le ciel.

En 1984, il découvre les anneaux de Neptune, puis les arcs composant le cinquième d’entre eux qu’il nommera Liberté, Égalité, Fraternité, en l’honneur du bicentenaire de la Révolution française, et enfin Courage, trouvé par l’une de ses étudiantes, Cécile Ferrari.

À l’origine de ces découvertes, un modèle numérique qu’il propose en 1974, et une technique d’enquête aux airs simples : quand une planète passe devant une étoile, elle masque un moment sa lumière; si la planète possède un anneau, la lumière de l’étoile est interrompue un peu avant, puis un peu après le passage de la planète. L’histoire de cette découverte est, selon André Brahic, un exemple de la recherche en butte à la bureaucratie. En 1983, une soixantaine d’équipes cherchent depuis plusieurs années à débusquer les anneaux de Neptune, en vain, et veulent clore le débat dans un article qu’André Brahic refuse de cosigner au prétexte que ne rien trouver ne signifie pas que rien n’existe.

Kepler en défaut

Mais en 1984, surprise : l’astrophysicien découvre quelque chose qui ne peut être ni un satellite (c’est un peu transparent) ni un anneau (le signal apparaît d’un côté de Neptune, mais pas de l’autre). Problème : depuis 1610, Kepler a théorisé qu’un arc de matière ne pouvait pas exister, les poussières tournant autour d’un corps céleste ne pouvant manquer de s’agréger très rapidement. « Eh bien si, un arc de matière peut exister », tente-t-il alors de convaincre la communauté scientifique. Mais quelques mois plus tard, son confrère américain William Hubard l’appelle au milieu de la nuit pour lui signaler qu’il a vu la même chose.

Les anneaux de Neptune et leurs arcs seront observés et photographiés cinq ans plus tard par la sonde Voyager.

Spécialiste de la physique des nuages de gaz et de leur rôle dans la formation des galaxies, il faisait partie des plus grands experts mondiaux de la formation du système solaire. Il était astrophysicien au CEA et professeur à l’Université Paris VII. Il faisait depuis 1991 partie de l’équipe d’imagerie de la sonde Cassini, lancée vers Saturne en 1997. André Brahic n’était pas du genre à s’arrêter aux tristes contingences humaines : son rêve était de lancer une nouvelle sonde vers Neptune, avec une arrivée prévue en 2057 soit pour ses… 115 ans. « Si vous m’interviewez en 2059, je serai peut-être un peu fatigué… », s’amusait-il en évoquant son projet.

 

 

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